Arrivée tardive

Din Quíchötta de la Míncí voyageait maintenant depuis plusieurs jours déjà. Il ne savait pas trop d’où il venait, mais était convaincu de l’endroit où il s’en allait. Il voulait aller à Atlantis, cette cité légendaire. Il n'y avait aucun doute, cette cité comblerait sûrement sa soif d'aventures. Rossini était bien fatigué après cette longue journée en cavale. Din tenta de le rassurer : « ¡No te desesperas Rossini! Estamos prácticamente llegado...»

Din utilisait un langage très étrange lorsqu’il parlait avec son fidèle destrier. C’était une langue qu’il avait apparemment développée. En fait, la personne qu'était Din Quichötta était en soit très étrange. Il était très ambigu et les gens qui le rencontraient ne savaient jamais qu'elle attitude adoptée. De plus, Din était très paranoïaque, ce qui n'arrangeait rien à son portrait général...

Voyant que le soleil était sur le point de se coucher, Din Quínchötta décida de passer la nuit dans la magnifique clairière qu’il traversait au même moment. Il arrêta son cheval et mis pied à terre. Il inspecta minutieusement les alentours pour sécuriser le territoire. Une fois cette formalité accomplit, il s’allongea dans l’herbe et s’endormit sur-le-champ.

Romanaëlle allait très rarement aussi tard hors de la ville lorsqu'elle était seule car cela l'effrayait un peu. Par contre, Falbala l'avait supplier d'aller chercher de belles fleurs, colorées et odorantes pour embellir les nouvelles chambres et chasser l'odeur de peinture qui s'y était installée.


Romanaëlle se promenait donc seule à travers la clairière, se rappelant qu'elle y avait souvent vu des fleurs assez jolies. Avec la clarté qui allait en diminuant, Romanaëlle atteignit la clairière en pleine nuit. Elle n'y voyait vraiment pas grand chose, et pensait déjà tenter de voler les fleurs dans un jardin privé quelconque lorsqu'elle trébucha contre une grosse masse sombre. En se relevant, Romanaëlle se mit à pester et regarda de plus près ce qu'était l'immonde chose qui avait bloquer son passage. Elle dû se baisser à quelques millimètres du visage de Din Quíchötta de la Míncí avant de distinguer que c'était un homme. En remarquant que ''l'immonde chose'' était un être vivant, Romanaëlle poussa un hurlement. Si celui-ci n'avait pas été réveillé par la chute de Romanaëlle, il le serait sûrement par son cri. Romanaëlle s'étonna qu'un voyageur s'installe au beau milieu de la forêt plutôt que de venir à l'auberge.

Din Quíchötta était tranquillement en train de faire son petit roupillon lorsqu’un animal lui tomba littéralement dessus. Se sentant attaqué de toute part, il sursauta vivement et en moins de temps qu’il ne faille pour le dire, saisit son épée. Il dit d’une voix menaçante, empruntant son langage habituel de lorsqu’il était énervé : « ¿Que se pasa? ¿Que quiere usted?! ¡Tengo una arma y no voy a vacilar a utilisar ella!»

Après ces violentes paroles, nul doute persistait à savoir si la bête réattaquerait. Cependant, celle-ci semblait bien coriace et poussa alors un effroyable cri, sûrement destiné à faire fuir Din Quíchötta. Celui-ci prit ce qui restait de son courage et ouvrit les yeux. En effet, l’altercation c’était déroulée si rapidement que Din tout endormi qu’il était n’avait pas pris le temps d’ouvrir les yeux. Il tomba alors nez à nez avec une jeune fille à l’ensemble bleu.

« Comment osez-vous attaquer le grand Din Quíchötta de la Míncí, petite fille que vous êtes? Nul ne peut se battre et vaincre cet adversaire coriace. En plus, vous m’avez réveillez! , termina-t-il d’un ton bien piteux. »

Romanaëlle sursauta en entendant l’inconnu parler dans une langue incompréhensible. Elle n’avait jamais rien entendu de tel mais le ton plutôt inquiétant de l’homme l’intriguait un peu, sans l’effrayer. Lorsque l'homme ouvrit finalement les yeux, probablement trop effrayé par son attaquante pour le faire avant, celui-ci s'exclama qu'il allait se défendre au péril de sa vie.

Malgré le sérieux que l'homme affichait, Romanaëlle ne put se retenir de rire et fut prise d'un immense fou rire comme elle en avait rarement connu. Que cet homme aux paroles étranges puissent voir une quelconque menace en Romanaëlle rendait la situation encore plus ridicule.

Lorsque Romanaëlle reprit enfin le contrôle de sa respiration, elle regarda l'homme avec un drôle de regard. Celui-ci semblait un peu cinglé et bien étrange.

-Pardonnez moi monsieur mais il y a une auberge, tout près. Peut-être préféreriez vous son confort à cet endroit frisquet.

Elle regarda l'homme en espérant ne pas l'avoir insulté par son rire très peu discret.

L’adversaire cruel que Din Quíchötta avait cru devoir combattre férocement se révéla être plutôt rieur. En effet, dès que Din se mit à parler, la jeune éclata d’un rire cristallin. Din Quíchötta se dit que c’était une de ces attitudes qu’utilisaient les gens qui avaient peur et ne voulaient pas trembler comme une feuille. Sentant que son rival était maîtriser, il se calma un peu.

La jeune fille lui fit alors une proposition qui laissa Din un peu indécis. Une auberge? Quelle belle idée! Cependant Din Quíchötta n’avait pas d’argent. Avant d’accepter cette alléchante offre, Din demanda l’avis de Rossini : « Que piensas de esta idea Rossini? Una auberge donde hay seguramente un establo...»

«Eh bien mademoiselle, votre offre me paraît fort convaincante. Un agréable lit douillet et un bon souper ne serait pas de refus! Je suppose que vous possédez aussi une écurie? Eh bien tant mieux! dit-il sans même attendre de réponse, Cependant je suis complètement fauché! Oui, je l’avoue je n’ai pas un sou! Mais je suis prêt à accomplir de petites tâches pour payer ma pension! »

Romanaëlle regretta assez vite sa propostion à l'homme en face d'elle. Celui-ci parlait une langue tout à fait inconnue et avait des manies plutôt étranges. De plus, une énorme bête, un cheval selon ce que connaissait Romanaëlle, accompagnait l'homme et celui-ci semblait avoir de grandes conversations avec lui. Elle bégaya une réponse à l'homme ne sachant pas vraiment que faire de ce client qui troublerait peut-être la paix du café.

- Enfin... Euuu... Je crois que pour la nuit, on peut s'arranger pour ne pas vous faire payer. Pour les tâches, laissez tomber, on vous acceuille.

Romanaëlle ne souhaitait pas un nouveau désastre et trouvait Din Quíchötta un peu trop particulier pour s'occuper de clients. Elle lui désigna donc la route par laquelle elle était venue d'un signe de la main.

- Si vous voulez me suivre, vous et... votre ami? Je vous indiquerez le chemin de l'auberge chez Falbala. Les chambres sont toute neuves, vous vous y plairer sûrement.

Lorsque la jeune fille dit à Din Quíchötta qu’il n’aurait pas à payer, celui-ci comprit qu’elle était tombée sous son charme. Il n’en avait aucun doute. Il pensa alors qu’une admiratrice de plus ne lui ferait pas de mal. Din Quíchötta de la Míncí était un vrai tombeur et il le savait. Il était bien conscient qu’aucune femme ne pouvait résister à un grand homme maigrichon au teint pâle et à l’allure désordonnée. C’est pour cette raison qu’il avait tout de suite comprit les avances de Romanaëlle qui tentait de le séduire en lui offrant une nuit gratuite à l’auberge. « Ves Rossini, la técnica para seducir las muchachas. »

Il prit un ton qu’il pensait viril et dit : « Mademoiselle, ce serait pour moi un immense plaisir de dormir à l’auberge. Mais je vous en pris, montez sur le dos de Rossini, je le guiderai en avant jusqu’à cette auberge qui, si elle vous ressemble, sera magnifique! »

Avouons-le, Din n'avait pas tout à fait l'air de Don Juan, cependant il croyait en lui-même. C'est ce qui compte non?

Romanaëlle était de plus en plus intriguée et effrayée face à cet étrange personnage. Il était maigre et grand, pour ne pas dire maigre, grand et laid. Ces manières paraissent fort anormales et son regard trahissaiit un brin de folie. Lorsque l'homme lui proposa aimablement de monter sur son cheval, Romanaëlle refusa d'un signe de tête. Elle préférait de loin marcher plutôt que de monter sur le dos de l'animal qui devait obéir à son maître.

- Non merci, je préfère marcher. En effet, l'auberge est splendide, bien plus que moi.

Puis, elle ne termina pas sa phrase par un sourire, contrairement à son habitude. L'homme lui semblait à présent assez louche mais Romanaëlle ressentait tout de même au fond d'elle une envie presque irrésistible de rire de ce drôle de personnage.

Din Quíchötta avait bien compris ce que la jeune fille avait tenté de lui dire par langage secret. Elle le trouvait trop beau pour elle, c’était claire. Din songea qu’il devait vraiment être irrésistible car le même scénario se reproduisait à chaque fois qu’il tentait de séduire une femme. Il décida donc d'abandonner toute tentative de séduction.

Romanaëlle se mit en route et Din Quíchötta la suivit de près en tenant Rossini par la bride. Il avait bien hâte d’arriver à la supposée splendide auberge. Il s’imaginait déjà étendu sur un lit douillet à faire l’activité qu’il affectionnait tout particulièrement : lire. Eh oui, Din Quíchötta de la Míncí n’avait qu’un pêché mignon : la lecture. Les deux gros sacs qui étaient accrochés sur les flans de Rossini n’étaient pas remplis de pierreries ou encore de vêtements, ils étaient pleins de livres. Des livres de toutes sortes, des gros écrits petits, des petits écrits gros, des moyens écrits moyens. Bref, tout.

Les deux compagnons avançaient dans la clairière tranquillement. Din se décida à continuer la conversation : « Mademoiselle, comme je vous l’ai dit plus tôt, je suis Din Quíchötta de la Míncí! Mais vous, quel est votre nom et que faites-vous dans la vie? »

Romanaëlle marchait d’un petit pas rapide, entendant derrière elle le son des sabots du cheval dans l’herbe. Elle n’affectionnait pas particulièrement les marches dans la forêt le soir, mais elle y était venue pour chercher quelques fleurs. N’ayant pas oublier son devoir, elle cherchait des yeux, à travers l’obscurité, une trace quelconque de fleur. Elle discerna finalement quelques petites fleurs maigrelettes, qui ne la satisfaisait pas vraiment mais pourrait bien suffire jusqu’au lendemain. Au moment où elle les arrachait du sol avec peine, l’homme lui adressa la parole. Elle se retourna donc calmement vers lui, avec les fleurs en main. Elle essuya tranquillement ses mains bouetteuses avant de rajouter:

- Je suis enchantée Din Quíchötta de la Míncí! Je me nomme Romanaëlle Fâ, et, comme vous devez vous en doutez, je travaille au café auquel je vous conduis. Je viens de Préfleuri. Et vous?

Elle avait parlé en regardant l’homme dans les yeux, découvrant à nouveau ces yeux étranges, avec une lueur qu'elle n'avait jamais vu dans les yeux de quiconque auparavant.

Les trois compères marchaient tranquillement. La jeune femme était en tête et Rossini fermait la marche. Ils avançaient plus ou moins rapidement car Romanaëlle s’arrêtait de temps à autre pour cueillir des fleurs. Elles lui étaient sûrement destinées. Il n’en avait en fait aucun doute. Les jeunes plébéiennes qu’il croisait tombait chaque jour follement en amour avec lui. Cependant, il savait que la jeune femme était timide, il était donc prêt à attendre le moment où celle-ci le serait moins et lui ferait cadeau de son magnifique bouquet.

Din Quíchötta observait attentivement autour d’eux afin de pouvoir réagir vivement en cas d’attaque. Tel était Din Quíchötta de la Míncí, toujours sur le pied de guerre, prêt à réagir à la moindre étincelle. Les gens le trouvaient parfois un peu paranoïaque, mais il ne s’en souciait guerre, sa sécurité importait bien plus que l’opinion des gens.

La jeune impertinente qui avait tiré Din de son sommeil était donc employée au café. Pas étonnant que celle-ci ait réussi à le convaincre d’aller à l’auberge! C’est alors qu’elle lui demanda d’où il venait. C’était une question plutôt difficile à répondre pour le pauvre Din. Son enfance lui paraissait maintenant si lointaine après toutes ces années passées à parcourir le monde.

« Je viens… eh bien je viens… Attendez, laissez-moi y réfléchir quelques instants… Ah oui ça y est! Je viens d’une forêt très lointaine, où les elfes des bois vivent en totale harmonie avec la nature. Mais bon, ce n’était pas tout à fait mon cas. »

Sur ces mots, ils arrivèrent soudainement en plein cœur de la cité.

[h/j à suivre à l’auberge]