Pêche

Cela faisait maintenant quelques jours que Din Quíchötta de la Míncí était arrivé à Atlantis. Il trouvait la cité magnifique, mais les gens semblaient un peu peureux et hésitaient à engager la conversation avec lui. Il ne comprenait d’ailleurs pas trop pourquoi. Qui pourrait ne pas avoir envie de discuter avec un homme squelettique qui parlait une langue étrangère et semblait sur le qui-vive constamment?

Ce matin là, il s’était levé aux aurores. En effet, il avait prévu partir à l’aube pour la rivière d’Imigèle. La journée allait être splendide : parfaite pour pêcher. Il avait emprunter une vieille canne à pêche le jour précédent et s’en allait d’un pas décider vers le coin qui lui semblait le plus attrayant pour un poisson.

Din avait bien proposé à Rossini de l’accompagner, mais celui-ci était bien trop impatient pour apprécier la beauté et la tranquillité qu’amenait une activité comme celle-la. Le cavalier arriva donc seul à la rivière. Il s’approcha de la berge et observa minutieusement les alentours, pour être sûr qu’il n'y ait pas de dangers. Une fois cette formalité accomplie, il s’assit et sortit son nécessaire à pêche.

Quelques secondes plus tard, il lançait sa ligne à l’eau et attendait que ça morde.

Torkalor surgit soudain de l'eau provoquant un énorme raz-de-marré. Il retira rageusement l'ameçon planté dans une de ses oreilles puis se retourna vers l'homme qui avait osé lui faire ça. Il avait dans la main droite 3 restes de poisson et n'acceptait pas qu'on le dérange pendant son petit déjeuner. L'idée de manger un peu d'humain lui donnait l'eau à la bouche. Son regard était froid, noir et cruel. Il sourit en montrant ses dents acérrées puis s'avança vers le pêcheur avec un air menaçant.

- Comment ose-tu ? Homme !!

Sa voix était forte et extrèmement grave, ses oreilles résonnaient encore mais il s'en fichait. Il avait faim et il était plus qu'en colère. Il faut dire qu'un rien le mettait dans cet état.

Din Quíchötta sifflotait tranquillement en attendant que ça morde. Il n’eut pas à attendre très longtemps… un immense raz-de-marée se déclara soudain. Une énorme bête noire de plus de trois mètres de hauts se détacha de la vague et, en deux temps cinq mouvements, se tint devant Din, prête à bondir. Celui-ci pauvre malheureux et plutôt malchanceux qu’il était se tenait debout tout pâle, l’épée à la main.

Pour une fois, il faisait face à un réel agresseur potentiel. Cette situation ne s’étant jamais présentée auparavant, il ne savait guère comment réagir. Il ne faisait que se tenir bêtement là, enserrant sa maigre épée le plus fort possible. Il ne pensait qu’à partir en courant, mais il savait très bien que le monstre aurait tôt fait de le rattraper. Il n’avait pas d’autre choix, il devait l’affronter.

Il dit en suite un peu pour lui-même : « Bien bien, no hay problema.... Todo sera bueno… solamente tengo que estar muy muy muy sympatico y serviablo... No hay problema…» Malheureusement, ses jambes toutes flageolantes ne l’aidaient guère à se tenir droit et prêt à parer l’attaque.

La conversation était de mise. « Hum… bonjour… hum MONsieur! Hum je voudrais hum m’excuser hum… je suis vraiment désolé… Oubliant tout cela et allons prendre une bière au café chez Falbala voulez-vous? Dans quelques années nous rirons ensemble de cette petite escarmouche..! non? Bon eh bien dans ce cas, vous m’excuserez, mais hum je dois y aller hum. Salut. »

Sur ce discours éloquent il pivota et marcha d’un pas décidé vers la cité.

Torkalor fit une tête étrange quand l'homme lui proposa de boire un verre, c'était la première fois qu'on lui proposait ça. Puis, elle se mit à rire d'amusement. Cet homme était finalement plutot divertissent. Mais quand celui-ci commençait à partir, le monstre se téléporta devant lui. Il approcha son visage du sien.

- Tu crois vraiment pouvoir t'en sortir comme ça ?!

Toute son haleine fétide se projetait sur le visage de l'homme. Il prit alors toute sa grandeur et lacha les reste de poissons qu'il tenait dans sa main.

- JE NE SUIS PAS UNE PELUCHE !!! Je pourrais te réduire en bouillit si je le voulais !! Mais j'hésite, que préfèrerais-tu ? Me servire de repas ou l'autre solution ?

Din Quíchötta, dans toute son innocence presque juvénile, avait cru pouvoir s’en retourner tranquillement à l’auberge. Malheureusement pour lui, Torkalor ne pensait pas ainsi.

Din fit un bond de trois pieds en arrière lorsque l’immense être se matérialisa devant lui. Celui-ci ne semblait pas du tout apprécié l’humour de Din Quíchötta et le pauvre cavalier ne savait plus quoi faire. Une chose était sûre, il n’avait pas l’intention de mourir bêtement comme cela. Il devait absolument trouver une solution.

« Ah bonjour euh Monsieur! Vous marchez bien vite! Je vous croyais derrière moi il y a quelques secondes à peine… hum… vous me demandez si je préfère être réduit en bouillie ou simplement avalé tout cru? Eh bien, laissez-moi vous expliquez… je suis tout maigrichon, pas du tout attrayant et très peu goûteux je vous assure! Les nombreux animaux de la forêt seraient bien meilleurs qui moi hum hihihi… Hum donc, voilà, vous me laissez partir maintenant? »