Dissertation urgente

Corinne, après s’être inscrite en magie noire, avait regagné sa chambre puis, son sanctuaire. Ce sanctuaire était un lieu de jouissance pour elle, rempli de sagesse et de connaissances. Chaque livre était un trésor, chaque mot, une aventure. Ce sanctuaire de paix et de béatitude était, bien évidemment, la somptueuse bibliothèque d’Étilac. Déjà, la bibliothécaire connaissait Corinne par son prénom, bien que celle-ci ne fréquente l’académie que depuis une journée. Cette fois, la petite étudiante c’était rendue dans ce lieu de culte afin de rédiger sa première dissertation d’élève de l’académie. Sans prendre le temps de saluer quiconque, la petite fille traversa la bibliothèque par section, jusqu’à se retrouver dans celle traitant de botanique. Regardant rapidement, Corinne décida de prendre trois livres, en plus de son propre livre : «la botanique pour les gens désireux de tout savoir». S’approchant d’un petit bureau, elle y déposa :

-«Les écrits du siècle»
-«Les grandes découvertes végétales»
-«Écrits d’un naturaliste»

Puis, sortant une grande et belle plume de son sac, elle inscrivit en fine lettre le début de sa dissertation. Chaque mot était choisi avec parcimonie, chaque phrase écrite après des minutes entières de réflexion. Le premier travail de la première de classe se devait de représenter son assiduité. Finalement, celle-ci débuta son brouillon :

Une plante La Chrysanthème enamorada ou calmia passionel

Depuis la rencontre entre le premier homme avec et la première espèces végétale, des questionnements sont apparus. Les recherches, parfois infructueuses, ont commencé et des techniques se sont développées. Certaines découvertes ont permis au peuple magique d’avancer, d’autres l’ont fait reculé. Quoi qu’il en soit, les plantes occupent le temps quotidien de nombreuses personnes et leur propriété valent la peine d’être étudiée. Ce texte traitera tout d’abord de l’historique de la plante, puis des propriétés particulières de la du chrysantème enamorada et abordera finalement les capacités étonnantes de cette plante commune des boisés.

Le calmia passionnel ...

Puis, un bruit suspect fit relever la tête de Corinne, celle-ci affichant un regard outré et agacé.

Rûne était présent depuis seulement quelques minutes et recherchait l'ouvrage qu'il avait déposé, quelques semaines auparavant.

-Peste, ou est ce torchon!?

Au moment ou il apercut Corinne, il l'accusa du regard.

-Une humaine?!Et dire que je n'ai moi-même pas le droit d'être ici, les dirigeants se permettent de faire entrer des HUMAINS?Ces roublards invétérés...les mots finirent en grognement.

Il courru vers elle et s'arreta net devant son bureau.Il se saisit du premier livre posé sur la table et, remarquant que ce n'était pas le sien le balanca au sol avec mépris.Puis il ouvrit la bouche d'un ton dédaigneux, laissant aparaitre sa langue fouchue.

-Quel ouvrage étudiez-vous, engeance putride?

Quelques araignées cachées sous la table s'enfuirent à toutes jambes.

Le regard outré de la petite fille croisa celui d’un grand reptile. Enragé, celui-ci venait de tirer sur le sol un livre de grande valeur. En effet, «les grandes découvertes végétales», avaient été tirées à seulement une centaine d’exemplaires et étaient d’une valeur inestimable. Malgré sa colère de voir une si belle œuvre ainsi souillée, Corinne baissa les yeux vers son livre, apeurée par le grand lézard à l’air méchant. Plusieurs araignées semblèrent approuvées cette crainte et quittèrent précipitamment le dessous du bureau où elles étaient terrées. L’étudiante remarqua parmi elles une araignée qu’elle avait déjà étudié mais n’y porta pas plus attention, toute concentrée qu’elle l’était par le ton dédaigneux avec lequel l’avait abordé l’argonien.

Déglutissant lentement, elle répondit à son apostrophe d’une voix plutôt paniquée :

«Pardonnez moi, monsieur l’argonien, mais je ne suis pas un homme. En effet, mon peuple se rapproche de l’homme par le physique mais ne lui ressemble en aucun cas du côté mentalité et du fonctionnement de notre système. De plus, certains d’entre nous possèdent des pouvoirs magiques. Je ne crois pas que l’académie accepterait la présence d’humains.»

Observant des pieds à la tête l’amphibien, elle fut pour la première fois surprise de constater la présence de cette espèce rare dans l’enceinte de l’académie. Ce vieux peuple magique avait été longuement oublié dans les annales de l’histoire. Elle se promit d’étudier cela à un autre moment.

Albane était en train de chercher une lecture à la fois instructive et distrayante pour lire le soir quand elle vit l'horrible sauriens -celui qui avait blessé Asuana- commencer à chercher des noises à une nouvelle de l'académie. S'appuyant à une étagère, elle suivit la conversation de loin tout en tachant de rester discrète, prête à agir contre le monstre écailleux si l'histoire s'aggravait encore. Mais elle devait avouer que l'élèves studieuse ne se laissait pas marcher sur les pieds et semblait faire preuve d'un courage inattendu, surtout face à l'horrible grimace agressive que faisait son adversaire en ce moment...

[en bleu les pensées, en blanc les paroles, pour ma part]

-En effet vous n'etes pas un homme, mais une femme, et cela ne fais aucune différence pour moi.Le gout de votre chair est le même!

Il poussa un gloussement étrange puis cracha au sol en signe de provocation et de mécontentement.

-Mais...c'est aujourd'hui?!
Il se rapellait soudain que le jour tant attendu était en train de se dérouler.La vie de chaque être magique allait être changée...

-Nous nous reverrons, créature faible et mesquine.

Le reptile se retourna puis trotinna quelques mètres en vue de se ruer dans le rayon dans lequel son livre de magie astrale dormait tranquillement, attendant son heure.

[ Oh! Zut, je suis vraiment désolée! :S! Disons que Corinne est habituée de se faire traiter de race détestable et qu’elle a compris que tu te méprenais sur sa race… Oui…. Disons cela ! Encore désolée ]

Corinne était de plus en plus terrorisée par Rûne et lorsqu’elle fut encore traitée d’humain, elle prit la décision de ne rien y redire. En effet, elle préférait remonter ses grosses lunettes en hochant tranquillement la tête, tout en reculant derrière sa pile de livre. Puis, brusquement, le gros reptile sembla changer d’idée complètement et la salua. Par politesse, la jeune fille murmura un imperceptible :

«Au revoir, enchantée d'avoir fait votre connaissance!»

Puis, l'étudiante se tut à nouevau car il lui semblait que le reptile était particulièrement pressé et si Corinne avait eu un brin de courage, elle l’aurait probablement suivi silencieusement, puis espionné, puis elle l’aurait empêché de faire ce qu’elle aurait découvert lors de son espionnage. Mais Corinne n’était pas courageuse et espérait de tout cœur ne jamais revoir l’argonien.

Ainsi, après s’être remise de ses émotions, elle reprit sa plume et se remit à écrire, de sa belle écriture :

«Le calmia passionnel se retrouve en grande quantité dans les bois entourant la grande ville d’Atlantis. Cette plante non-comestible indigeste a été pour la première fois analysée par un scientifique du nom de Guigui Legentil et celui-ci réussit à en découvrir les propriétés de filtres d’amour exceptionnels, après avoir succombé de maintes fois aux vapeurs toxiques que dégagent celle-ci. Selon les écrits de Legentil : « les vapeurs qui s’échappent de cette plante sentent à la fois bon et mauvais, et rendent les sens complètement désorientés, de façon à faire perdre la raison au plus faible d’entre nous.»*1 Après de nombreuses analyses, des scientifiques chercheurs vinrent à trouver les propriétés coagulantes de la plante, idéale pour guérir les plaies ouvertes. C’est au chercheur humain Olivier Deloiseau que l’on doit cette dernière découverte. »

Puis, elle s'arrêta de nouveau, réalisant qu'elle tremblait encore légèrement à cause de l'intervention de l'amphibien. Elle le chercha un peu des yeux, pour savoir s'il était toujours dans les parages.

Albane vit le lézard s'éloigner. Son comportement avait de quoi soulever des interrogations, mais la jeune fille semblait avoir besoin d'être rassurée. Bien qu'elle ne savait pas quoi dire, elle se dit qu'une simple compagnie qui n'était pas agressive ferait peut être l'affaire. L'ex-assassin s'approcha de l'étudiante et se pencha par dessus sa copie. Après une rapide lecture, elle se permit d'apporter une information supplémentaire à haute voix:

-La calmia passionnel peut aussi être un poison mortel si on la cuisine correctement. Elle provoque un blocage sanguin de points clé et provoque une mort lente et affreusement douloureuse. Si on fait bouillir ses bourgeons, on obtient un antidote très efficace pour ce poison ainsi que pour d'autre. Je ne sais pas si ces information seront utiles pour ton devoir, mais on sait jamais.

Corinne regarda avec stupeur la nouvelle venue lire son texte. Elle la trouvait un peu effrontée, cette demoiselle qui pointait son petit nez dans ses affaires. Par contre, Corinne décida de rester polie et déclara, d'un ton vif:

« Je sais évidemment tout cela et j'en glisserai un mot plus loin dans mon travail. »

Remontant ses petites lunettes rondes, Corinne se remit à la lecture de ses livres, afin de rédiger plus rapidement son travail. Côté relation sociale, Corinne était loin d'être facile d'approche. En effet, toujours bafouée par tous, elle croyait toujours à des moqueries de la part des autres. Puisqu'elle n'avait jamais eu d'amis, elle ne savait pas vraiment ce qu'était l'entraide et pensait toujours que les gens se moquait d'elle. C'est sans doute pour cette raison qu'elle avait agi avec autant d'indifférence et de froideur face à Albane. Sans porter plus d'attention à la jeune femme, elle poursuivit sa lecture, tremblant légèrement car elle craignait que celle-ci se fâche et lui face un quelconque mauvais coup.

En plus d'être vif, le ton de Corinne était aussi agressif.

-Tu n'est pas obligée d'être agressive. Je voulait juste t'aider, mais visiblement, j'aurais pas du...

Puis, elle repartit à l'étagère ou elle fouillait quelque temps auparavant sans autre commentaires et se replongea dans la lectures des titres et des quatrièmes de couvertures, feuilletant parfois quelques pages avant de remettre le livre en question à sa place. Tout en restant fière, son attitude restait calme et pacifique, bien qu'elle soit un peu énervée intérieurement.

Corinne s’était remise à la lecture lorsqu’Albane partit, visiblement fâchée. La jeune étudiante en été profondément triste, elle qui n’avait jamais d’amis ou de gens à qui parler. Réalisant son erreur, elle se leva rapidement et déclara à Albane (qu’elle trouva un peu plus loin) :

«Je suis désolée si j’ai pu vous vexée. Je voulais vous remercier pour votre aide. C’est que, je… ne suis pas douée pour les relations sociales et je… enfin je… Pardon.»

Au cours de son petit discours, avouons-le, plutôt pathétique, la voix de Corinne avait diminuée et diminuée, pour ne devenir qu’un murmure à la fin. Confuse, la fille passa une main dans ses cheveux, puis replaça ses lunettes avant de renifler bruyamment. Se dandinant d’un pied à l’autre, elle entendit la réponse d’Albane. Elle devait avouer qu'elle était encore sous le choc du gros lézard, et qu'elle était habituée à ces situations. Un premier vient pour l'effrayer, un second pour l'insulter et le menacer. Ce genre de situation c'était présenté si souvent que Corinne en avait perdu les souvenirs. Une peine assez forte vint alors l'envahir, réalisant jusqu'à quel point sa solitude pouvait parfois être dure à porter.

Albane se tourna vers la jeune fille. Ses yeux étaient légèrement humide, et elle renifla une fois. Se levant et lui plaçant une main amicale et qui se voulait consolante sur l'épaule. Enfin, se meprenant sur l'origine de la peine de la nouvelle, elle lui dit:

-Ce n'est pas grave, tu es toute pardonnée. Aller, ce n'était qu'un gros lézard, c'est finit, et ça c'est bien terminer.

Elle espérait que ses paroles -dites sur un ton rassurant, amical et consolant- suffiraient à consolé la jeune fille. Réalisant soudain qu'elles ignoraient réciproquement leurs nom, attendit que l'inconnue aille un peu mieux et se présenta:

-Moi c'est Albane. Et toi?

Corinne fut surprise face à tant d’amabilité de la jeune femme. Déjà, depuis quelques jours, on avait commencé à rire d’elle, les moqueries fusaient de toute part. En effet, un garçon l’avait ridiculisée au cours de botanique et déjà, Corinne entendait des voix sur son passage qui murmuraient : «c’est la fille empotée qui renverse tout ce qu’elle touche» ou bien « ne t’approche pas d’elle, elle pourrait baver de la terre». Malgré le désarroi profond que lui causait ces remarques peu délicates, Corinne tentait d’avancer la tête haute, le sourire aux lèvres en songeant à ses études, ses ô combien importantes études.

Encore secouée par la remarque polie d’albane, Corinne bégaya un :

«En…Enchanté. Je suis Cori..rinne Du..Du…boustok.»

Pourtant, la pauvre hominis craignait que la guerrière se jouât d’elle et ne savait plus trop quoi faire. Elle regarda tranquillement son livre et, constatant que son travail était déjà en retard, elle retourna près de sa table de travail. Si elle voulait avoir le temps de lire «les procédés magiques des éléments» en une soirée, il lui faudrait terminer rapidement son travail. S’excusant auprès d’Albane, elle retourna prendre place près de son énorme volume : « La botanique pour les gens désireux de tout savoir» et continua sa dissertation.

Albane fit un sourire à Corinne et la laissa s'en aller après lui avoir souhaiter une bonne soirée. Elle resta encore un moment à fouiner de-ci de-là avant de trouver enfin son bonheur et de partir avec un livre volumineux sous le bras sur "les mouvement téluriques de la magie souterraine et leur sources". Alors qu'elle parcourait l'allée centrale en direction de la porte, elle repassa devant la table de la jeune étudiante. Elle lui ft un petit signe de la main au passage tout en continuant à avancer vers la porte. Enfin, elle sortit en refermant la porte qui grinça bruyamment dans le calme de la bibliothèque.

Corinne, qui s’était remis à son travail, continuait de penser à la jeune fille qui lui avait adressé la parole. Avait-elle voulu se moquer d’elle ou était-elle vraiment gentille avec Corinne par pure…bonté d’âme? Un peu secouée, Corinne glissa dans sa dissertation la petite phrase que lui avait murmuré Albane. Malgré ce qu’elle avait laisser croire, la jeune hominis n’avait jamais entendu parler de ces propriétés pour la chrysanthème. Pour tester la bonne foi d’Albane, il lui suffisait de regarder si la professeur corrigerait son texte, si elle ne le faisait pas, alors la jeune étudiante lui aurait donné une véritable réponse. Mettant ainsi en péril sa note parfaite, cette action montrait bien jusqu’à quel point Corinne était secouée.

Lorsque Albane quitta la bibliothèque, Corinne lui fit un timide signe de la main, remontant ses lunettes et rougissant plus que jamais. Puis, cela fait, elle termina son travail avec application. Une fois tout cela terminé, elle ramassa son parchemin, replaça les livres qu’elle avait emprunté et fit un petit détour dans la section des romans de la bibliothèque. Après quelques minutes de réflexion, Corinne en vint à choisir un roman racontant la longue vie d’un ange dans un monde parallèle. Cela lui semblait léger, parfait pour son esprit occupé du moment.

L’étudiante plaça le livre sous son bras, fit grincer la porte et sortit tranquillement vers sa chambre, rejoindre sa «plus que charmante» compagne de chambre.