Skiräzä était assise à bonne distance de l’orateur, à une distance qui lui permettait à peine d’entendre les paroles de Démembreur. Assise au sommet d’une haute maison, la fée de la nuit était installée de façon à n’être visible de personne. En effet, avec ses grandes ailes noires et sa cape aussi foncée, elle semblait se fondre dans le paysage. Ainsi, accrochée au toit d’un immense bâtiment, elle écouta jusqu’au bout les nouvelles lancées par l’orateur. Aucune d’entres elle n’avait le moindre intérêt mais pourtant, ce crieur avait donné une idée à la fée.
Depuis quelques temps, elle avait des visions terrifiantes. Elle frôlait un arbre, une plante ou même l’herbe et le futur lui apparaissait. Un tel phénomène ne s’était jamais produit auparavant et le pouvoir de la grande fée de la nuit ne s’était déclaré qu’au contact humain. Cela inquiétait la fée, qui voyait chaque fois des images de destruction, de ravages et de douleur. Chaque jour, Skiräzä voyait en direct la guerre de la ville d’Atlantis. Évidemment, elle aurait bien voulu avertir quiconque, mais sa crainte d’approcher un être vivant était de loin trop forte.
Ainsi, en écoutant le crieur public, elle eut une idée. Si les gens apportaient vraiment un intérêt à ses nouvelles, peut-être pourrait-elle y glisser ses propres visions, pour ainsi parler aux habitants d’Atlantis sans avoir à les approcher. Après avoir porté attention à toutes les annonces, la fée s’envola à l’abri des regards de tous vers la forêt saisonnière. S’attarder dans la ville aurait été une erreur, déjà qu’il était dangereux pour elle d’y être de jour. Cette nuit, elle irait porter une nouvelle à Démembreur pour qu’il la lise publiquement.
En volant, la fée se mit à réfléchir au fait que peu de gens prendraient au sérieux ses paroles, mais au moins elle aurait l’impression de les avoir prévenu. Elle ne pouvait faire plus.