Un peu de fraicheur...

Albane était tranquillement installé dans une sorte de hamac aquatique qu'elle s'était fabriqué.
Pour cela, il lui avait suffit de tresser entre elles plusieurs des grandes algues qui composait la forêt d'algues, de s'installer, et enfin de se laisser bercer tranquillement par le courant d'eau frais.
Ce jours là, il faisait particulièrement chaud à la surface, et le soleil parvenait même à réchauffer l'eau en profondeur. Mais pas ici grâce aux algues et au fameux courrant.
L'ex-assassin n'était d'ailleurs pas la seule à être venue cherché refuge dans cette forêt fraiche...

Aurorë-Elerína était tranquillement assise sur un nénuphar flottant dans la forêt d'algue. Un parchemin tendu entre les genoux, une plume à la main, trempant son extrémité dans le minuscule flacon d'encre verte qui lui servait de pendentif, la jeune ange-elfe dessinait. Le nénuphar sur lequel elle reposait était en fleur, enveloppant l'adolescente de son envoutant parfum. Dessinant en quelques traits sur le papier le visage d'Albane, sa nouvelle amie et compagne de chambre, elle se laissait porter par le courant, lequel guidait son nénuphar là où il le souhaitait.

«Que l'on est bien ici, se dit Aurorë, souriant pour elle même. Enfin un peu de fraîcheur, dans ce monde subitement transformé en fournaise!»

Encore quelques coups de plume et le portrait serait achevé. La jeune fille les fit de quelques gestes vifs et sourit devant le résultat. Peut-être en ferait-elle cadeau? À Albane où à l'un de ses admirateurs...car elle en avait sûrement, elle était si belle! Tout-à-coup, alors qu'elle venait de fermer son flacon d'encre et de lier à sa ceinture de maillons d'or son parchemin et sa plume, elle entendit un léger bruit de grincement, répétitif. Elle releva la tête et s'aperçut que le courant l'avait entraînée près d'un hamac tressé d'algues, qui grincait légèrement en balançant sous le souffle du vent. Dans le hamac était étendue...Albane...

«Ça alors, je la voit partout! songea Aurorë, mi-surprise, mi-fataliste. Heureusement que c'est une amie, sinon...Je finirais par m'en lasser...»

Riant en elle-même, la jeune femme observa un moment son amie, presque assoupie dans son hamac. Oh que non, elle ne s'en lasserait pas! Elle ne savait pas encore vraiment pourquoi, mais cette nouvelle compagne lui était très chère. Énormément. Plus que n'importe qui en fait depuis la mort de ses parents. Laissant le courant l'emporter, Aurorë frôla presque le pied de son amie, à demi enfoncé dans l'eau fraîche. Celle-ci ne bronchant pas, elle pensa:

«Je ne vais pas la déranger maintenant...Après tout, elle, elle doit vraiment être lassée de me rencontrer partout où elle va...Si elle me voit et en a envie, qu'elle me parle avant que le courant ne m'entraîne au loin...Et sinon...tant pis! Je ne serai pas celle qui énerve!»

Assise en indien sur son nénuphar, naviguant en quelque sorte ers l'inconnu, Aurorë se mit à tresser ses cheveux d'or, observant de ses yeux verts clairs l'autre jeune fille endormie...

[Je suis censé dormir sous l'eau. Mais c'est pas grave, t'es la première à me répondre alors je me suis arrangé]

Albane, tout en se balançant, avait gardé un main dans l'eau, si bien qu'elle avait sentit un dérangement du courant. Entrouvrant les yeux, elle reconnue Aurorë assise sur un nénufars qui se laissait emporter par le courant dans la direction. Mauvaise idée.

-Salut. Si j'étais toi, je ne me laisserais pas emporter vers là, ou tu finiras juste au dessus du territoire d'une bande de gros poissons carnivores amateurs éventuellement de chaire humaine ou à deux pattes... Tu devrait amarrer ton nénufar à une de ces nombreuses algues ou alors tu peut venir dans ce hamac, il y a largement asser de place pour nous deux.

Tout en disant cela, elle s'était redressée et assise dans son lit improviser. Puis elle avait bricoler son hamac par-ci par-là et libérer de cette manière toute une nouvelle surface de filet pour s'allonger où s'assoir.

Le temps qu'Albane la remarque et prenne la parole, Aurorë-Elerína avait dérivé jusqu'à une dizaine de mètres dépassés le hamac de son amie. Observant la direction où l'emportait son nénuphar et retournant dans sa tête l'explication de la jeune fille, elle finit par se dire que finir dans l'estomac de poissons carnivores même pas deux semaines après son arrivée à l'Académie, c'était un peu bête... Elle fit un signe de la main à Albane et, n'étant à proximité d'aucune algue et ne pouvant ainsi amarrer son nénuphar, elle se mit debout sur le sien et plongea à l'eau, après avoir lancé à son amie son rouleau de parchemin, afin d'éviter qu'il ne se mouille et que l'encre ne s'estompe...

Une fois sous l'eau, la jeune fille jeta un regard derrière elle et vit des tourbillons formés par la nage de gros poissons orangés, aux dents aiguisées comme des poignoirs. Adressant intérieurement une bénédiction à Albane, Aurorë nagea vers elle en quelques brasses et sortit la tête de l'eau, s'aggripant au hamac d'algue afin de s'en tirer. Dégoulinante, elle se laissa choir aux côté de sa compagne, sur le tressage confortable des algues qu'elle avait constitué. Avec un soupir, l'ange-elfe s'étendit sur le dos et regarda le ciel, adressant à Albane un timide:

- Merci.

-De rien, je ne tenait pas à perdre une toute nouvelle amie quelques jours seulement après l'avoir rencontrer. Et je doit avouer que tu n'aurais servit qu'à les mettre en appétits. Hors, je suis la seule chose à leur gout sur une grande distance -mis à pare toi bien sur- et il ne fait aucun doute qu'ils ne chercherons pas à m'épargner.

Bien que le but de ses paroles était aussi de minimiser les choses, il y avait aussi une pointe de rire dedans. Albane n'avait pas pu s'empêcher de faire des blagues à sa manière, bien que la plupart des gens n'appréciaient pas beaucoup son humours noir et sarcastique.
Elle tendit le rouleau, toujours fermé, à Aurorë. Bien que ce papier l'ai fortement intrigué, elle n'était pas sur d'avoir le droit de le déplier pour le lire, elle s'était donc retenu d'y jeter un coup d'oeil.

Aurorë-Elerína balbutia quels mots en repoussant la main d'Albane qui lui tendait son rouleau de parchemin.

- Non...je...c'était...ouvre le! non...si! Je pensais...te l'offrir de toute manière!..alors eh bien..

Rougissante, la jeune ange-elfe fixa ses orteils avec l'air de les trouver passionnants, subitement. Avant qu'Albane puisse répondre, Aurorë déclara avec une pointe de rire dans la voix:

- C'est vrai qu'ils sont beaux, pas vrai? ...Mes orteils!

S'asseyant en indien sur le hamac d'algue, la jeune femme dit aussi:

- Si tu n'ouvres pas ça tout de suite, je vais me jeter à l'eau couverte de honte et les poissons me mangeront en en-cas! Après...ce sera ton tour!

Puis, cachant son visage dans ses mains, elle attendit, les lèvres en sang à force de se retenir pour ne pas hurler de jeter cette horreur à l'eau...Même sil le portrait était beau..magnifique même..Qu'elle idée folle que celle de lui offrir!

Albane hésita un moment à ouvrir le rouleau, déconcerté par l'attitude d'Aurorë. Finalement, elle ouvrit lentement le papier en lançant un vague "je suppose que la bonne solution de ton baragouin est de l'ouvrir..."
Quand elle le fit, elle resta un moment saisit de stupeur à regarder son portrait. Finalement, elle le réenroula soigneusement en prenant soin de le fermer avec un algue sèche et encore flexible et, n'y tenant plus, se jeta sur Aurorë et la serra dans ses bras dans une étreinte émue et amicale.

-Oh Aurorë il est magnifique!

Aurorë-Elerína rougit tout d'un coup, très gênée. Elle rendit timidement son étreinte à Albane et répondit:

- Oh...il ne faut pas exagérer quand même!

Puis, regardant à nouveau ses pieds, elle murmura:

- Il ne pouvait faire autre chose qu'être beau, avec un modèle comme toi, amie...

Avec un soupir, elle observa à nouveau le visage heureux et ému d'Albane et ajouta:

-Ça aurait été honteux pour moi de le rater...Mais je suis si heureuse, oh, si heureuse que tu l'aime!

La jeune fille aux cheveux d'or avait presque des larmes dans ses beaux yeux verts clairs, et ses lèvres rouges tremblaient. Elle eut uns ourire tremblant à l'adresse de son amie et dit:

- Pas de fausse modestie...je suis fière de moi! Mais encore plus de la jeune femme dont le visage a sut si bien m'inspirer de sa beauté!

Albane rougit devant le compliment bien qu'elle avait depuis longtemps conscience de son apparence et s'en était servit bien des fois, pour le grand malheur de bien des victimes... Elle se redressa et se rassit à son emplacement précédent.

-Merci. Mon compliment est sincère. Tu as rendu ton dessein plus beau que le modèle initiale en effaçant habillement mes rares défauts. Et tu as aussi retranscrit en partie ce que tu pensait de moi et pas seulement ce que tu voyait. Ce n'est pas à la portée de tous le monde...