Une fée dans les pommes

Gazguhl avait déjà frappé trois fois à la porte sans avoir de réponse et commençait à s'impacienter.

Bordel ! hurla-t-il avant de fixer la porte de son regard noir. Quelques instants plus tard, il appuyait son pied contre le bois qui s'effrita sans effort grâce à son sort de décrépitude.

Regardant des deux côtés, il avisa un lit proche sur lequel il déposa la fée inanimée, la glissant sous les draps après avoir récupéré sa cape puis ouvrit une fenêtre.

Un regard sur le jeune lycan puis il lui lança sans faire attention a la manière. Restes dont pas planté là et cours nous dégotter une infirmière avant que cette fée me claque entre les doigts.

Il ne manquerai plus qu'elle crève c'te conne pour que ça me retombe dessus ... j'ai l'habitude, d'accord. Mais est-ce réellement une raison ?

Lucy ouvrit les yeux et mit un moment à émerger du royaume de Morphée.
Il lui avait semblé entendre des coups frappés à la porte de l’infirmerie. Mais, à présent redressée sur son lit, l’infirmière était incapable de dire si ils appartenaient à la réalité ou à la fiction de ses rêves.
Elle fronça les sourcils et se massa le front avec force, enfouissant son visage dans ses mains couplées.

C’est alors qu’une belle invective gronda, certifiant la présence d’un probable patient dans la salle de soin.

« Il fallait que ça arrive maintenant… »

Pensa-t-elle à regret, encore fatiguée, contrainte de se propulser hors du lit.
Elle enfila prestement des vêtements dont le choix revint au hasard, oubliant la veste blanche habituelle. Elle attrapa sa paire de gant de cuir, les fourra dans la poche de son pantalon, et sortit d’un pas vif de l’arrière pièce.

La première chose qu’elle vit fut l’état de la porte ou plutôt l’absence totale de celle-ci.

« Deux fois en moins de quatre mois ! A croire que l’utilisation des poignées leurs sont inconnues… »

- J’arrive !

Dit-elle d’une voix encore plus rauque qu’à l’habitude.
Arrivant à hauteur du lit, elle n’eut aucun mal à reconnaître la jeune fille inconsciente et cela eut fini de la réveiller complètement.

- La fée de la nuit…

Murmura-t-elle entre ses dents.

- Que s’est-il passé ?

Demanda-t-elle sur un ton quelque peu autoritaire tout en repoussant les couvertures sur le ventre de l’évanouie. Sans attendre la réponse, elle prit le pouls de la fée, oubliant les mises en gardes que cette dernière lui avait faites par le passé.

- Trop faible.

Lâcha-t-elle d’un ton mécontent, plus pour elle que pour informer celui qui accompagnait la demoiselle. Elle se prépara à examiner à sa manière le corps de cette dernière, notant déjà la fracture au bras gauche ainsi que la plaie et les contusions au visage… Rien qu’elle ne puisse guérir.


(J’ai lu le post qui expliquait le pourquoi du comment Skiräzä est arrivée à l’infirmerie. Je n’ai pas trouvé de description précise des blessures, donc, j’invente ! xD En partant du fait qu’une chute de « quelques mètres » laissent toujours des traces…)

[ Aucun problème pour que tu inventes mes blessures! Je devrai par ailleurs, inventer une parcelle de ton futur!]

Skiräzä était bouleversée. Cette fois, elle avait perdue le contrôle de son pouvoir comme jamais. C’était comme si elle était prisonnière de son propre corps! Comme si elle n’était plus qu’un miroir reflétant le futur, comme si ses visions avaient gagné une bataille contre sa personnalité.

La fée de la nuit se sentit donc traîner jusqu’à l’infirmerie et elle n’avait aucun moyen d’y résister. Elle voulut répondre à Gazguhl qu’elle allait bien, qu’il pouvait la laisser tranquille mais elle ne le put pas. La blessée se sentit déposer sur un lit et entendit le bruit d’une fenêtre que l’on ouvre. Ainsi, elle était à l’infirmerie! Avec un soupçon d’espoir, elle se rappela sa rencontre avec l’infirmière et sut que celle-ci connaissait sa malédiction. Skiräzä espérait de tout cœur que Kali s’en souviendrait assez pour ne pas tenter de la regarder. En effet, la fée ignorait si elle avait les yeux ouverts ou fermés, car elle voyait sans cesse défiler devant ses yeux des images qui appartenaient au futur. Puis, l’infirmière prit son pouls et une nouvelle vision apparut à Skiräzä

– Kali était au milieu d’un nombre effarant de blessés. Elle courrait de l’un à l’autre avec diverses médications, au bord de l’épuisement. Skiräzä vit aussi des gens debout, au regard consterné, qui pleuraient morts et blessés. Elle suivit Kali jusque devant un lit. Dans ce lit, il y avait quelqu’un que Skiräzä ne pouvait voir. Plusieurs êtres étaient attroupés autour d’elle. Ils avaient tous un regard concentré, et prenait de temps à autre des notes. Kali les regarda un moment et s’impatienta :

«Messieurs, il est temps pour vous de partir! Cette patiente n’est pas une bête de foire!»

Un homme la regarda et rajouta :

«Quel dommage se serait si elle se réveillait! Son esprit est un incroyable miroir de notre futur! Il nous suffit de lire ses pensées et alors, nous connaissons l’avenir!»

Alors, Skiräzä comprit. Elle comprit qui était allongée dans ce lit. Prise de panique, elle voulut reculée, s’enfuir, mais elle ne fut pas suffisamment rapide. Elle ne put s’empêcher de voir la grande fée de la nuit couchée dans le lit. C’était elle! C’était le futur qui l’attendait si jamais elle ne se réveillait pas.-

Cette vision fut une révélation pour Skiräzä, ou plus précisément pour l’esprit de Skiräzä . Elle sentit son corps lui revenir, et par le fait même, toutes les autres sensations que l’ouïe. Elle sentit aussi une intense douleur à son bras gauche et se mit à respirer plus rapidement. Pour la fée, c’était comme un retour à la vie, bien qu’elle fut toujours blessée pas sa chute.

Gazguhl toisa du regard l'infirmière qui lui passa devant lui sans même lui adresser ni une salutation, ni même un remerciemment de lui avoir fait parvenir au plus vite la jeune fée. Pff .. lança-t-il d'un air désaprobateur puis marmona aussi bien pour lui même que pour les oreilles attentives que Le savoir vivre c'est comme savoir se retenir pour aller pisser, ça s'apprend ... puis il fit volte-face en direction de l'encadremment vide de la porte et s'y arrêta.

Bonjour et au revoir madame l'infirmière. J'espère avoir réussi à vous la ramenner dans un étât pas trop délabré mais 'faut dire qu'après une chûte de plusieurs mètres y'avait plus grand chose à en tirer. Sur ce ... à moins que vous n'ayez encore besoin de moi, je m'en vais ...

Lucy venait de noter un changement significatif dans la respiration de la jeune fée.
Elle s’apprêtait à lui donner les soins requis, lorsqu’elle entendit une phrase bien délicate.

Elle posa un poing sur sa hanche et plissa les yeux en observant le grand ténébreux.

- Je vous remercie … Et vous laisse retourner à vos occupations… Bonne journée.

Sa voix avait reprit sa neutralité.
Si l’homme s’attendait à des excuses de sa part concernant son manque de civilité, le temps lui aurait paru bien long… Elle lui était sincèrement reconnaissante d’avoir aidé la jeune fille mais ne l’excusait pas en ce qui concernait sa porte, ni sa réplique qui n’avait pas sa place dans la présente situation. A partir du moment où la santé d’une personne lui était confiée, la khajit ne se consacrait plus qu’à elle. C’était son travail et elle le faisait avec autant de sérieux que de rapidité possible.

Elle eut un léger soupir avant de se concentrer à nouveau sur l'état de sa patiente :

- Restez calme…

Murmura-t-elle en enfilant sa paire de gants de cuir.
Elle examina le bras cassé en premier lieu. Les os avaient été littéralement brisés sous l’impact.

Lucy fronça les sourcils.

Elle se débarrassa de ses gants, les plaçant sur la commode qui côtoyait le lit sur la gauche. Elle frotta ses mains l’une contre l’autre et vint les placer à une trentaine de centimètre au dessus du membres à reconstituer.

- Surtout, ne bougez pas !

Elle resta un instant dans cette position, sa respiration se calmant peu à peu, ses oreilles bien droites sur sa tête et les yeux fermés.
Et, soudain, les os se reformèrent à grande vitesse, causant de probable picotements. Mais, dans la douleur que provoque une telle blessure, il était difficile de pouvoir ressentir ces derniers. Au bout d’une minute seulement, le mal causé par la fracture s’envola, faisant place à la souffrance suivante.

L'air hautain de la Khajit ne fît que renforcer la mauvaise impression de départ qu'avait Gazguhl. Il lui sourit donc en coin lorsque celle-ci lui envoya ce qu'il pris pour une légère pique foireuse dont l'absence de repentis rajouttait encore à son idée puis, la singeant, il pris à son tour un air hautain le poingt sur la hanche. Il pris soin de prendre une voix quasi-théatrale avant de lancer pour le plaisir "Madâme ... si tel est votre désir, je vous laisse donc vous débrouiller toute seule. J'espère que vous ne me tiendrez pas vigueur de l'étât de vorte porte qui, celon moi, aurait mérité une meilleure protection anti-magie, à supposer que vous devez fort probablement disposer ici de produits qu'il vaut mieux évitter dans certaines mains. Au revoir, ou plutôt devrais-je dire adieu."

N'attendant aucune réponse, il fît demi-tour puis parti en direction de la bibliothèque croisée sur le chemin.