Aurorë et le jardin de fleurs

Aurorë-Elerína pénétrait pour la première fois dans le jardin de l'Académie. Sans plafond, ce lieu lui semblait un véritable petit paradis, où la nature reprenait ses droits, malgré quelques endroits magnifiquement aménagés et quelques terrasses bien arrangées. Marchant tranquillement sur les sentiers dallés entre les bosquets de fleurs et les petits boisés, la jeune fille respirait à plein poumons le parfum de milliers de fleurs. Un parfum si présent, si délicieux, qu'il l'étourdissait presque. Jetant un regard autour d'elle, Aurorë aperçut un petit sentier non aménagé, presque invisible, sans dalles ni graviers, semblant uniquement tracé par le passage de dizaines de pieds légers. Elle s'en approcha, sa longue jupe verte jade se balançant au rythme de ses pas, ses bras gracieux fendant l'air, un grand panier d'osier à la main droite.

«Pour cueillir des fleurs!» songea joyeusement la jeune fille, souriant à pleines dents aux arbres et aux oiseaux, qui chantonnaient à son passage. S'enfonçant de plus en plus dans le chemin entre les arbres, elle fut bientôt engloutie par l'aspect sauvage du jardin. C'était une véritable petite forêt! Soudain, devant elle parut une éclaircie.

- Une clairière! s'écria l'ange-elfe, ravie. Ooh, un saule pleureur! Mon arbre préféré!

Courant à lui, elle laissant ses branches tristes lui caresser le visage, égayant de son rire en clochettes cet arbre mélancolique. Lorsqu'elle voulu s'assoir à ses pieds, elle découvrit qu'en bas du tronc poussaient des fleurs, des centaines de fleurs. Toutes fleurissaient sous l'ombre apaisante des branches du saule, mais aucune au-delà. Sans s'inquièter de cette bizarerie, Aurorë se laissa tomber, exatique, sur le tapis de fleurs. Menant leurs corolles épanouies à ses yeux, elle se fit la réflexion:

- C'est étrange, petites fleurs! Toutes, vous êtes d'espèces qui me sont inconnues...Et pourtant...j'en connais des fleurs! Et vous êtes si belles! Même cette Académie ignore votre existence? Oh la la...

Elle en cueillit quelques unes, qu'elle posa dans son panier, formant un charmant bouquet, délicat et parfumé. Puis elle reprit, s'adressant aux fleurettes:

- Vous m'intriguez! Ceci, dès à présent, est MON jardin! Et si quelqu'un d'autre que moi vient y danser, prévenez moi!

Sur ce, elle esquissa quelques pas de danse et se laissa à nouveau choir sur le sol, où elle s'endormit.