Aurorë-Elerína entre comme une ombre

Aurorë-Elerína Ñaltariel ouvrit timidement la porte d'entrée et pénétra dans le hall. Qu'il était immense! Ouvrant grands ses beaux yeux verts-bruns pailletés d'or, pour ne pas perdre une miette du spectacle, la jeune fille avança lentement, à tout petits, tout petits pas. Ses longs cheveux blonds coulant dans son dos et sur ses épaules lui voilaient en partie le visage. Elle ne savait pas si elle se sentirait chez elle, dans cette école. Tant de jeunes, tant d'inconnus! De petits groupes d'élèves l'observèrent du coin de l'oeil, mais aucun ne s'enhardit à venir lui parler. Il est vrai que son port altier, comme une reine outragée, jointe à l'expression fermée de son visage et à sa beauté mystérieuse ne prêtaient guère à la sympathie du premier regard.

Mordant le fruit rouge de ses lèvres, elle serra les poings de nervosité, ses doigts frêles et pâles se pressant avec force l'un contre l'autre. Elle releva encore un peu plus le menton et avança d'un pas plus ferme, jetant autour d'elle des regards méprisants qui se voulaient seulement fiers, serrant les lèvres sur les perles de ses dents blanches d'une manière hautaine qui n'avait pour autre but que de retenir les sanglots qui lui montaient à la gorge. Sentant les larmes lui venir aux yeux, elle ferma un instant les paupières, ses longs cils frémissants comme des ailes sur ses joues rosées. Avançant maintenant à petits pas rapides, Aurorë-Elerína s'approcha d'une fenêtre et tourna le dos à tous les élèves, pour qu'ils ne voient pas, pour la première fois sans doute, un elfe des bois pleurer, même s'il est à moitié ange.

Puis, repliant ses ailes aux plumes bleutées pour se voiler le visage, la jeune femme s'enfuit à l'autre bout du hall, s'enfonçant de plus en plus dans les méandres de cette école où, elle le sentait, sa vie serait difficile. Elle n,était vraiment pas douée pour se faire des amis!

Albane vit la nouvelle arrivé et partir en courant vers les tréfonds de l'académie avant qu'elle n'ai eu le temps d'aller l'accueillir. Elle courut après elle et, la rattrapant, lui saisit doucement le bras, ou plutôt, aussi doucement que possible quand on cherche à stopper quelqu'un en pleine course.

-Attend, je ne veut pas te faire de mal...

Elle attendit que l'inconnue s'arrête. Quand ce fut fait, elle se présenta poliment.

-Je m'appelle Albane. Bienvenue à l'académie!

Bien qu'elle souhaitait rassurer la nouvelle venue, Albane avait de quoi être impressionnante avec sa manière à la fois spontanée et retenue de prendre contact, il était claire à ses yeux que rien ne lui échappait et comble de tout, à sa façon désinvolte mais naturel de transporter ses deux lames, on devinait qu'elle savait s'en servir remarquablement.
Mais le sourire qu'elle affichait adoucissait cette impression et la transformait en sentiment de confiance.
Elle attendit que l'hybride se présente à son tour.

Aurorë-Elerína jeta un rapide coup d'oeil à la jeune fille qui venait de la saluer, puis elle baissa les yeux vers ses orteils en murmurant un vague bonjour. Puis, avant que la dénommée Albane puisse rajouter quoi que ce soit, elle prit en main le peu de courage qu'elle possédait à cet instant et déclara d'une voix fluette:

- je m'apelle Aurorë-Elerína.

Puis, voilant ses yeux luisant de larmes d'une mèche de cheveux blonds, elle rebaissa à nouveau la tête, jouant de ses doigts fins dans les plis de sa longue robe de soie noire, son bracelet d'argent sur lequel étincelait une pierre de lune brillant à son poignet.

Albane observa un cours instant Aurorë-Elerína, mais largement suffisant pour se faire une idée générale de la jeune fille. Celle-ci était belle et, pour peut qu'elle mette sa timidité de coté, elle devrait faire tombé bien des coeurs, pour peut qu'il y en ai beaucoup à Etilac, ce qui n'était pas le cas en ce moment...

-Tu veut bien que je t'appelle Aurorë tout simplement? J'ai un peut de mal avec la formalité des noms longs...

Elle espérait mettre la nouvelle en confiance en lui demandant son avis, mais ça ne marchait pas à tout les coups...
Elle attendit la réponse puis repris.

-Dis moi, tu as besoins de quelques chose après ton voyage? Je peut te montrer les chambres, le self, ou autre chose si tu veux. A mon arrivé, j'ai eu le temps de constater à quel point l'académie peut être un vrai labyrinthe...

Aurorë-Elerína sourit doucement et murmura:

-Merci bien, c'est très gentil à toi. Pour l'instant, je crois que je préfère être seule, histoire de me faire à l'idée...de vivre ici...Mais ne t'inquiète pas, si j'ai besoin de toi, je te le dirai...

Puis, avec un léger aurevoir prenant forme sur ses lèvres, elle sourit de nouveau à Albane et se dirigea d'un pas incertain vers une petite porte de bois, balayant d'un geste de la main les allégations très justifiées de la jeune femme, interdite. Puis Aurorë se retourna vers Albane et déclara:

-Je n'oublierai jamais que tu es la permière à être venue à moi...Je te remercie du fond du coeur. Mais ne le prend pas mal, je veux me prouver à moi-même que je peux me débrouiller aussi bien dans une école que dans le monde extérieur, aussi grande soit celle-ci.

Et, secouant ses cheveux d'or, Aurorë-Elerína se détourna pour de bon et sortit de la salle.

Albane marqua un léger temps de stupeur puis souris pour elle même. Aurorë (elle avait décider qu'Aurorë ne lui ayant pas répondu, elle opterais pour le nom cours) était unique en son genre, à la fois timide et sur d'elle, perdue et débrouillarde...
Nullement vexée, elle haussa des épaules et repartis d'où elle était venue.