Petit retour

Romanaëlle venait de revenir de Préfleuri. Ce qu'elle en avait vu était tout, sauf réjouissant. Le village avait été totalement anéanti, de la manière la plus sauvage qui soit. La jeune fée avait discuté avec son père pour lui demander de venir à Atlantis, mais celui-ci avait refusé. Il insistait pour aider les réfugiés de toute la Terre. C’est donc le cœur rempli d’amertume que Romanaëlle lui avait expliqué la marche à suivre, lui avait parlé des soldats protégeant l’Atlantis. Elle lui avait aussi déclaré qu’il ne devrait jamais révéler ces choses à quiconque, même sous la torture. Elle savait bien que cela ne servirait probablement à rien, car si son père était véritablement attrapé, il serait dur de résister à la torture. Elle espérait sincèrement qu’il en aurait le courage.

Toutefois, le refus de son père s’était arrêté à celui-ci et sa grand-mère avait accepté de revenir avec elle. Après l’avoir installé dans sa maison de la rue de la gargoulette, la demi fée s’était rendue au café.

Les nouvelles de la surface n’était pas si bonne, ni toutefois totalement mauvaise. Elle avait facilement pu passer inaperçue des humains, ce qui était une bonne nouvelle pour les autres êtres magiques. Par contre, les forces armées des humains semblaient immenses et dures à vaincre. Cela la convainquait encore plus qu’il ne fallait pas dévoiler l’existence de la cité engloutie.

Le but premier de la jeune fée avait été de rouvrir son café. Par contre, En y entrant, elle réalisa qu’il n’y avait plus rien de bon à manger, rien de récupérable. Les coûts pour tout racheter à un marchand était exorbitant en cette période de crise et les réserves monétaires du café étaient à sec. Abattue par cette nouvelle découverte, la jeune fée prit tranquillement place à une table poussiéreuse, laissant la porte ouverte derrière elle. Au milieu de l’amoncellement de poussière, Romanaëlle espéra vivement le retour de Falbala.

En passsant par là, Typhohide vit quelqu'un dans le café. Ayant déjà passé devant lorsque celui-ci était fermé, elle se demandait si quelqu'un n'avait pas entré sans autorisation. L'hybride entra, mais vit tout de suite Romanaelle, qui avait l'air déprimée. Elle regarda autour d'elle et comprit en partit la raison de cette déprime.

Avez-vous besoin d'aide? Demanda-t-elle d'une voix hésitante.

Elle resta immobile dans l'entré, attendant une éventuelle réponse.

La souris qui avait installé son nid derrière la porte poussa un couinement d'indignation et déguerpi.

Romanaëlle, toujours consternée par la saleté habitant le café, sursauta au bruit de la souris, puis à la voix d'une jeune femme. Se ressaisissant, elle se leva d’un bond et salua l’hybride :

- Bonjour mademoiselle! Belle journée n’est-ce pas?

Romanaëlle jeta un coup d’œil anxieux vers l’extérieur, en espérant vainement que la température était réellement ensoleillée. En effet, aussi concentrée qu’elle l’était par ses tracas au sujet de la surface, la jeune fée n’avait pas pris la peine de remarquer le temps qu’il faisait. Elle laissa échapper un minuscule soupir de soulagement en apercevant le soleil et, réalisant qu’elle devait avoir piètre allure dans ses vêtements sales de voyage, au centre d’une pièce poussiéreuse, elle répondit à la question l’étudiante :

- De l’aide? Oh non, bien aimable à vous. Quelques coups de balai et le tour sera joué, ma chère! Mais je vous remercie de la proposition!

Son sourire peu crédible et sa voix faussement enjouée faisait sonner ses paroles comme des moqueries. Pourtant, ce n’était pas le cas, la demie ange étant seulement très préoccupée par l’état de cet endroit si cher à ses yeux. En plus, elle aurait espéré voir le plus rapidement possible Elo et Albane afin de les mettre au courant de ses plus récentes découvertes. Alors, prenant un balai et s’approchant de la porte, elle déclara finalement à la mademoiselle :

- Bon, pardonnez moi jeune dame, mais un dur labeur m’attends! Je vous souhaite une bonne journée, au plaisir de vous voir passer bientôt au café chez Falbala!

Romanaëlle accompagna ses paroles d’un geste de la main et se mit à balayer furieusement, remuant de sombres pensées. Comment une poignée d’Atlanticien pourrait-elle venir à bout des immenses force dont disposaient les humains? Retenant un soupir de colère, la petite ange se mit à balayer plus rapidement encore.

Un gros nuage vint masqué le soleil, rendant le café encore plus ténébreux qu'il ne l'était déjà.