Cours Privé de Yuthiana De Surïon

Yuthiana était en avance.
Elle en profita pour renouer un des lacets de ses bottes et rappeler quelques règles à son chat noir à long poil. Bien sûr, il était fort peu probable que Maldoror comprenne ses mots. Mais l’index accusateur pointé vers lui et le ton légèrement incisif employé par la jeune fille lui parurent clair.

Tout en renouant ses cheveux en cet habituel chignon qui, en fait, n’y ressemblait pas du tout, elle eut une pensée pour Azariel.
Elle chassa l’image du visage colérique et le remplaça par une vaste plaine enneigée.
La seule personne qui pouvait lui faire perdre son calme, du moins, jusqu’à ce jour, c’était son frère. Et rien que le fait de penser à lui la mettait dans un état d’angoisse palpable. Elle l’aimait, bien sûr ! Mais pas tout le temps. La vaste plaine enneigée était un exercice de l’esprit auquel elle recourait souvent afin de garder son calme, état nécessaire au contrôle de son pouvoir.

Elle vérifia si elle possédait tout son matériel scolaire dans sa besace avant d’oser se présenter au cours d’Invocation. Elle prit aussi une minutes pour se souvenirs de tout ce qu’elle avait pu entendre ou lire à propos de l’Invocation.

* Peut-être aurais-je droit à une douche froide… *

Pensa-t-elle, au bout d’un moment.

* Ce serait justifié. *

Elle n’avait pas pu assister au premier cours avec, pour cause, une inscription tardive à Etilac. Son père ne comprenait pas qu’il y avait certaines règles à respecter, dans une société. Mais, cela lui avait toujours été égal. Il avait, d’ailleurs, l’habitude de les enfreindre afin de convenir à « ses petites affaires ».
Elle se souvint un instant de son Professeur de littérature. La première fois qu’elle avait dû suivre son cours, il y a des années de cela, elle était arrivée avec trente minutes de retard. Il ne se trouvait plus dans la classe.
Le cours suivant, elle lui avait demandé avec son air de pimbêche pour quelle raison il s’était trouvé absent. Il lui avait répondu avec ce ton oscillant entre le sarcasme et la réprimande :

« Mademoiselle De Surïon, ce sont les élèves qui se plient aux horaires fixés par les Maîtres et non le contraire. »

Elle sourit, presque tristement.
Depuis, beaucoup de choses avaient changées.

Après avoir chassé d’elle toutes ses pensées, elle finit par frapper trois coups, ni trop forts, ni trop discrets, à la porte de la classe.

(( Désolée pour la tartine, mais c'est pas tout les jours que j'écris autant, on se rassure -_-' ))

[XD ouh la, je sens que moi je vais pas répondre aussi long, désolé ]

Erwan ne se trouvait pas dans sa salle de classe actuellement, mais Alrost, son chaton, oui. Grâce à ses petites ailes, il atteignit la poigné de la porte et réussit à l'ouvrir.
Il se présenta ainsi à l'élève et lui parla par télépathie.

*Si tu cherches Erwan, il est pas là... Il est partit dans son bureau chercher des ingrédients pour l'invocation. Il devrait pas tarder. T'as qu'à l'attendre dans la salle...* proposa le petit chaton.

Alrost remarqua finalement le familier de Yuthiana. Quelque chose qui ressemblait à un sourire fleurit sur son petit minois.
Le chaton s'écarta pour laisser passer la jeune fille, pour attendre Erwan, qui arriverait d'une minute à l'autre.

La jeune fille fronça les sourcils lorsque le chaton volant lui avait parlé par télépathie.

Elle lança un regard à Maldoror qui l’observait de ses grands yeux bleus.
Alors que la jeune fille se demandait à quoi pouvait penser le chat, celui-ci était certainement en train de se demander si une nouvelle race combinant le chasseur et le chassé venait de voir le jour.

- Heu… Je vous remercie.

Finit par dire la jeune fille, un peu perturbée de se voir parler à un félin. Et elle agrémenta sa phrase d’un sourire.

Ensuite, elle suivit la proposition de la mignonne petite boule de poil en prenant place dans la pièce. Elle s’assit en silence, laissant Maldoror grimper sur son pupitre afin d’avoir quelques caresses ce qu’elle lui accorda presque instantanément.
Ses yeux bordeaux se posèrent à nouveaux sur l’être qui devait être le familier du professeur qu’ils attendaient tous.

Elle aurait aimé que son chat possède ce don.
Il était parfois si compliqué de comprendre Maldoror qui se trouvait être un chat assez lunatique. La plus part du temps, il était sage, silencieux et très amical. Et puis, de temps à autre, il faisait des bêtises, comme pour punir l’elfe d’une inadvertance qu’elle avait commise ou lui rappeler sa présence. Mais, ils ne pouvaient pas communiquer entre eux. Et à part les ronronnements et les feulements, Yuthiana ne pouvait pas vraiment saisir le court de ses pensées.

* Toi qui est le seul à être présent pour moi…*

Elle sourit à son chat noir et déposa un petit baiser entre ses deux oreilles, ce que Maldoror s’empressa de remercier d’un miaulement rauque.

Surprise, Yuthiana eut une réaction excessive face au comportement du professeur Marvel.
Il fallait préciser, qu’en générale, la colère des individus qu’elle côtoyait s’accompagnait d’une belle paire de claques.
Donc, n’écoutant que son instinct de survie devenu très pointu grâce à Azariel, l’elfe se jeta littéralement sur le côté, tombant de sa chaise.
Maldoror, lui, préféra se carapater sous un meuble où il serait bien plus à l’abri.

* Cette douche est loin d’être froide *

Pensa-t-elle.

* Non, plutôt glacée. *

Elle ne mit pas longtemps à comprendre qu’elle n’avait rien à craindre de l’aspect rageur qu’avaient prit les yeux de son enseignant. Surtout qu’il changea bien vite de catégorie d’émotion.

- Pardon !

Elle se releva donc rapidement, retrouvant un calme déstabilisant.

- Heu…

Fut le premier mot – ou plutôt interjection – qui lui vint à l’esprit.

* Pour le moment, j’aimerais disparaître…*

Ha ! Mais qu’est ce qui lui était passé par la tête de se jeter sur le sol de la sorte ? Personne ne comptait lui faire du mal, ici ! Elle devait avoir l'air d'une personne peu sérieuse, en ce moment.

- Hé bien, Professeur, j’aimerais étudier l’invocation, en fait…

Sans déconner ?! Elle fronça les sourcils devant la logique de sa phrase.

Durant tout le temps qu'avait duré ce demi dialogue, Yuthiana était restée debout. Non pas parce qu’elle avait oublié de s’asseoir mais plutôt parce qu’elle avait été éduquée de la sorte. Lorsqu’un enseignant entrait dans une pièce, il fallait avoir sa permission pour prendre place.