Cours Privé de Yuthiana De Surïon

On y était !
Yuthiana était surexcitée à l’idée de commencer ses cours, même si cela ne semblait pas l’émouvoir outre mesure. Malgré son calme apparent, son esprit était agité de questions qui ne cessaient d’occuper ses pensées.
Vais-je me plaire dans cet endroit ?
Comment vont se passer mes cours ?
Et, une des plus importante : N’est-il pas trop tard pour s’inscrire ?
Elle ne savait même pas comment son père avait réussit à obtenir de l’académie de l’admettre en son sein. Non seulement il était bien tard pour les inscriptions mais, en plus, elle ne contrôlait vraiment pas son pouvoir. Bien entendu, si elle restait sereine, tout se passerait bien. Mais, elle prenait en compte le fait qu’elle n’avait jamais été introduite dans une autre communauté que la famille. Toutes ses personnes lui étaient étrangères, elle n’avait aucuns points de repères et cela pourrait la déstabiliser.

Balayant ses idées fort peu optimistes de son esprit, Yuthiana prit la direction du cours de Maîtrise des Pouvoirs auquel, c’est entendu, elle ne pouvait échapper. Mais elle était loin de l’envie d’y déroger ! C’était justement le cours qui lui permettrait de ne plus considérer son pouvoir comme une malédiction mais comme un don prêt à servir d’autres personnes. Et cela la rendait un peu plus légère.

C’est donc après avoir pu se repérer dans le dédale des couloirs de l’établissement qu’elle parvint, enfin, à trouver la classe proprement dite. Elle parcourut la fiche parfaitement centrée accrochée à la porte.

* Enlever mes chaussures ? *

Elle observa ses pieds et les dites chaussures qui, en l’occurrence, étaient des bottes de cuir noir. Elle se dit qu’elle exécuterait se point du règlement après avoir obtenu la confirmation que le professeur était bien dans la pièce.
Elle vérifia qu’elle possédait le minimum du matériel requit dans sa besace avant de frapper trois coups à la porte et d’attendre une réponse qui lui permettrait d’entrer.

Evla, remplissant une belle pile de paperasse, comme tout le temps, avait le bout du nez taché d'encre. Celle-là, il faut le dire, était la plus désagréable qu'ele n'ait jamais eu à remplir: Elle devait expliquer la mort d'une élève et de la bibliothécaire. Parfois, elle mettait sa tête entre les mains et cessait d'écrire. Avec l'arrivée d'Aroma, elle pensa soudainement qu'il serait peut-être préférable de fermer l'école, trop de mort, de blessée, trop de danger!
Mais elle se ravisa: L'académie était sa raison de vivre.
Yuthiana cogna à la porte, Evla alla lui ouvrir et, avant d'avoir vu quoique ce soit d'autre, fut brusquament attirée par ses chaussures.

- Bonjour mademoiselle de Surion! Je vous prierais de retirer vos souliers avant d'entrer. Si vous avez froid au pied, je peut vous prêter des chaussons, mais...

Elle laissa sa phrase en suspend un instant.

- ...Je ne supporte pas la saleté.

Yuthiana hocha la tête affirmativement.

- Bonjour, Madame.

Elle enleva une à une ses bottes et les déposa à côté de l’entrée.

Après une courte pause dans la conversation, elle observa son professeur et sa directrice, car la femme devant elle alignait les deux professions.

- Madame la Directrice, je crois que vous avez de l’encre, juste ici…

Dit-elle en pointant le bout de son propre nez.
Aucunes moqueries dans le regard de la jeune fille, elle disait ça avec beaucoup de neutralité.

Elle joignit ensuite ses mains derrière son dos en attendant d’être invitée à entrer, comme la petite fille polie qu’elle était.

Evla sursauta légèrement et frotta le bout de son nez avec la paume de sa main jusqu'à ce que (elle le pensait tout du moins) la tache soit partit. Elle invita Yuthiana à entrer d'un signe de main accompagé d'un: "Venez, entrez" et d'un coup de doigt en direction de la chaise pour que celle-ci bouge légèrement et montre à l'élève qu'elle devait s'asseoir. Evla soupira. Il y avait quelques années de cela, elle aurait pu sans aucun effort faire valser la chaise jusqu'à la lune si elle l'avait voulu. Pourquoi donc maintenant ce léger pinement au coeur en la déplaçant de quelques pouces?
Elle finit par prendre la parole:

- Alors, mademoiselle, pourriez-vous me dire quels sont vos pouvoirs, ce que vous voulez, au juste, contrôler en eux et, surtout, quels sont bos points faibles dans leur maitrise?

Elle avait dit cela d'une façon presque automatique. Combien d'élèves s'étaient donc présenté à elle? À combien avait-elle donc répété la même chose?

Yuthiana était plutôt impassible comme jeune fille.
Aussi, elle ne paraissait pas le moins du monde mal à l’aise.

- Le feu, Madame, est l’élément que je suis sensée maîtriser. Et, en fait… Je ne veux pas savoir utiliser mes sois disant pouvoir, juste m’empêcher de faire des bêtises avec.

Elle prit place sur la chaise et observa la directrice sans défi, sans moquerie, bref, sans rien.
Puis, elle laissa son regard balader un peu partout, sans empressement, donnant l’impression qu’elle réfléchissait, les sourcils froncés.
Et, enfin, comme si elle sortait d’une longue torpeur, elle observa la directrice et lui demanda avec sincérité :

- Est-ce que vous allez bien, Madame ?