Fuite nocturne

Yuthiana déambulait lentement dans les rues de la cité.

C’était les vacances et elle n’était retournée que deux jours chez elle, à l’inverse d’une bonne part de ses camarades de classe qui, eux, resteraient tous les jours chez eux, dans leur famille.

L’elfe serra l’étoffe de son manteau là où battait son cœur.

Elle était partie, elle les avait quitté. Elle s’était enfuie.

Elle leva son visage pâle vers le ciel de nuit parsemé d’étoiles.

* Si j’étais une étoile… *

Elle revint sur terre et enfoui son nez sous son écharpe.
Ses cheveux étaient relâchés, balayant son dos au gré de sa marche, cachant une partie de son visage pâle. En réalité, ses mèches de cheveux gris profond masquaient une entaille à sa joue.

Il faisait plutôt froid en ce jour. Entre automne et hivers, la nuit était fraîche et faisait rougir le nez et les oreilles de la jeune fille.

- Attention !
- Oups !
-Tu es une vraie tête de linotte !

Le regard bordeaux se posa sur un jeune homme et une petite fille qui devait être sa sœur. Elle portait beaucoup de livres et les avaient laisser tomber sur les pieds de ce dernier.

- Ca va, je vais t’aider. Il est tard, dépêchons nous.

Il posa une main sur le haut de la tête de la petite et l’aida ensuite à porter les bouquins.

* Si j’étais une étoile… Je veillerais sur toi et tu n’aurais qu’à lever le regard vers le ciel pour voir que j’existe.*

Elle détourna les yeux et préféra continuer à évoluer lentement entre les boutiques et les maisons endormies.

Kea ne savait pas comment il était arrivé jusque dans cette rue.
Sans doute à force de déambuler sans but.
Il apperçut un visage connu.

Salut, euh tu sais où on est ?

Il était complètement perdu, après avoir tourné dans une ruelle inconnue, il s'était complètement égaré.

L’elfe observa Kea d’un regard comme vidé d'expression.

- Nous sommes dans la rue du Temple.

Elle ne savait pas pourquoi la rue se nommait ainsi, mais c’était son nom.

Yuthiana se plaça légèrement de profil pour ne pas qu’on aperçoive ce qui lui balayait la peau.
D’habitude, elle insufflait le calme et la sérénité aux personnes qui l’entouraient. Cependant, il n’y en avait plus aucunes traces. A la place, de la tristesse, profonde et amère.

- Tu ne devrais pas traîner par ici, à cette heure.

Dit elle avec sérieux, fronçant les sourcils.

Kea ne comprenait pas le comportement de Yuthiana.

Pourquoi je ne devrais pas rester ?

D'accord, on n'était pas au beau milieu de la journée, mais cette rue n'avait pas l'air dangereuse.

*comprend pas*

Yuthiana ne répondit pas.
C’est vrai, il n’y avait rien de dangereux par ici alors pourquoi avoir dit ça. Elle porta la main à son front.

- Ce n’est rien, je déraille.

Elle soupira, produisant un petit nuage de vapeur.

- Et quoi ? Tu n’as pas sommeil ?

Elle lui avait demandé ça sur un ton neutre.

L’elfe se demanda par la même occasion où elle allait dormir. Hors de question de retourner à Etilac.
Romanaëlle lui avait dit qu’il y avait des chambres à l’auberge…

Kea trouvait Yuthiana vraiment étrange.

T'es sûr que ça va ? t'as l'air bizarre.

Kea regarda le ciel noir, illuminé par quelques étoiles.

non, je n'ai pas sommeil, il est tard ?

Il s'étira longuement et attendit la réponse que l'elfe

Cette fois-ci, elle tourna complètement le dos à Kea.

- Je vais...

Un instant d'hésitation.

- ...Bien.

Elle se remit dans sa position précédente et se sentit faible.
Son corps était endolori.
Elle avait tant redouté ce retour à la maison familial qu'elle en avait oublié de manger. A présent, son corps avait perdu tout ce qu'il avait de graisse et lorsqu'elle était nue, elle pouvait voir ses côtes.

- Il est probablement minuit passé.

Elle mit ses mains dans ses poches.

tu es sûre d'être sincère ?

Kea n'y croyait pas trop, cela sonnait faux.

On devrait peut-être rentrer, à moins que tu ne veuilles passer ta nuit ici

Il se frotta les bras pour se réchauffer, l'atmosphère c'était refroidit

- Si j’allais mal que pourrais tu faire ? Pas grand-chose, me semble-t-il.

Elle eut un sourire faible.
Elle leva à nouveau les yeux vers le ciel.

* Si j’étais une étoile… *

- Rentrer où ?

A la maison ?
Elle n’osait même pas y penser.
A Etilac ?
Elle n’en avait pas envie.

Elle se maudit de retenir ainsi Kea. Le pauvre était frigorifié et attendait qu’elle se montre sage en laissant tomber un : « d’accord on y va » qui ne viendrait jamais.

- Il fait froid. Il vaut mieux que tu ailles te coucher. Je vais rester un peu…

I can always make you smile ...

Cette phrase était sortie toute seule de la bouche du garçon, sans qu'il ne puisse s'en empêcher

qu'est ce que si regarde là haut ?

Kea fit un signe de tête vers le ciel.

L’elfe avait sursauté.
C’est étrange impression d’avoir déjà entendu cela quelque part.

Elle reprit son calme et leva encore le visage vers la voûte céleste.

- Les étoiles…

Laissa-t-elle tombé dans un murmure, comme si le mot avait été proscrit.
Elle eut un sourire attendri.

* Ce n’est pas ta faute, Azariel… Malgré tout, je t’aime énormément. Les liens du sang.*

Elle ferma les yeux un instant et posa sa main sur son bras gauche en fronçant les sourcils.
Yuthiana jeta un regard dans la rue qu’elle devrait prendre afin d’aller à l’auberge de Falbala.
Il lui restait amplement de quoi payé la nuitée chez la Dame.

(( mdrrrr vive Azuzu! XD (( le tit bonhomme U_U qui oblige à sourire )) ))

Kea, voyant que Yuthiana ne changerait pas d'avis, la salua d'un signe de tête.

Il resta perdu dans ses pensées, tout en partant.
Pourquoi observait elle tant les étoiles ?
Pourquoi était elle là ?
Pourquoi était il là d'ailleurs ?
Sans doute une amnésié superficielle.
Mais dans ce cas pourquoi se souvenait il de qui Yuthiana était ?
peut-être que son état s'améliorait?

Kea tourna rapidement dans la rue suivante.

*Un bon lit bien chaud voilà ce qu'il me faut !*

Yuthiana salua de la main Kea lorsqu’il reprit son chemin et se sentit bien plus à son aise après son départ.
Elle n’aimait pas qu’on s’occupe d’elle après ce genre de « fait ». L’elfe préférait rester seule, méditer et comprendre pourquoi, malgré tout ce que son frère pouvait lui faire subir, elle ne pouvait s’empêcher d’essayer de l’aider.

Elle serra sa main sur son bras gauche.

- J’ai… Mal.

Murmura-t-elle pour elle-même.

Elle sentait distinctement un liquide poisseux recouvrir une bonne partie de son bras. Heureusement pour elle, mais surtout pour lui, le jeune garçon n’avait rien découvert.

Sans attendre une minute de plus, elle reprit sa marche vers l’auberge de Falbala.