En pleine lecture

Din Quíchötta de la Míncí se promenait tranquillement dans les méandres de la cité en chevauchant son bon vieux Rossini. Ils débouchèrent sur une petite place vraiment coquette.

Le soleil émanait une douce chaleur en cette fin d’après-midi et la lumière du jour était brillante. Din Quíchötta avait enfin trouvé ce qu’il cherchait : un endroit tranquille pour lire.

Il mit pied à terre et sécurisa le territoire. Une fois cette formalité accomplie, il prit place sur l’un des nombreux bancs qui étaient disposés ici et là. La place était vraiment jolie. Une petite fontaine trônait au centre. Elle était constituée d’un lion qui se tenait sur ses pattes arrières, prêt à bondir. Des trombes d’eaux tourbillonnaient autour de lui et il n’y avait aucun doute à savoir si la magie avec quelque chose à voir avec la beauté de la scène.

Il sortit son livre : Confessions d’une reine d’Espagne à son fils. Le volume était tout usé par le temps, mais les mots imprimés à l’intérieur étaient intactes. Il reprit sa lecture là où il l'avait laissée.

Elo arriva précipitemment sur la place. Elle l'avait enfin retrouvée ! Elle avait vu, alors qu'elle passait par là, quelque chose d'étrange. Oui mais quoi ? Elle ne s'en rappelait plus. En fait, ce n'était pas quelque chose de précis mais plutot qui ne cadrait pas du tout avec le décor. Comme un intru, une petite chose, un petit détail qui n'allait pas. Elle avait alors envie de découvrir ce que c'était. Tout de suite, son regard se porta à la fontaine puis à un homme avec un cheval qui lisait. Elo resta là à observer pendant plusieurs minutes puis, ne trouvant pas, elle se dirigea vers l'homme.

- Excusez moi mais vous habiter à Atlantis ?

Peut-être connaissait-il quelque chose qui pouvait l'aider ?

Din Quíchötta était totalement absorbé dans son livre. En effet, lorsqu’il lisait presque rien ne pouvait lui faire lever les yeux. Les mots qu’ils lisaient se reflétaient dans son esprit non pas comme des suites de phrases, mais bien comme des images, des situations et des aventures rocambolesques. Il se voyait lui-même à la place des différents protagonistes, sauvant des jeunes femmes en détresse et gouvernant le monde.

Il attendit vaguement des paroles prononcer vers lui. Pensant que c’était Rossini qui s’adressait à lui, il lui dit sans même lever les yeux : « Rossini, sabes que no me gusta estar molestado cuando estoy leyendo. Por favor, espera hasta el final del capítulo.» C’est alors qu’il prit conscience que quelqu’un se tenait devant lui. Il leva les yeux et vit une jeune femme qui devait sûrement avoir du sang elfe coulant en elle, vu son allure athlétique et plutôt guerrière.

Il l’observa pendant quelques secondes, se demandant ce qu’elle voulait, puis se décida à parler. Il se souvint alors des paroles que celle-ci avait prononcées. « Je suis enchanté de faire votre connaissance gente demoiselle mon nom est Din Quichötta de la Míncí! dit-il avec son ton théâtral habituel. Vous m’avez demandé si j’habitais Atlantis? Eh bien pour tout vous dire, non. Je ne suis qu’un pauvre cavalier errant à la recherche d’aventures! Mais je puis peut-être quand même vous aider! Que cherchez-vous exactement? »

Cette fois-ci, Din espérait faire bonne impression devant la nouvelle venue. Cependant, il doutait que son allure un peu délurée lui attire la sympathie des gens.

Elo n'avait strictement rien comprit à ce qu'avait raconté l'homme au début. Elle fut rassurée qu'il connaisse sa langue. L'allure plutot étrange de celui-ci la faisait rire dans son fort intérieur. Elle fut néanmoins déçut quand il lui apprit qu'il n'était pas d'Atlantis, il n'y a&vait donc que peu de chance qu'il puisse l'aider. Elle se dit qu'en plus elle venait de le déranger en pleine lecture...mais il ne semblait pas mécontent.

- Non, ce n'est rien.

Elle se retourna sur la fontaine, évaluant les moindres détails.

Voyant que la jeune femme n’avait pas tout à fait l’air d’avoir envie d’en dire plus sur ce qu’elle cherchait, Din Quichötta de la Míncí se replongea dans sa palpitante lecture. Le fait que Din soit un peu maboule lui causait bien des désagréments. Cependant, cela lui procurait un avantage indéniable qu’il ne pouvait nier. En effet, sa mémoire peu fiable faisait qu’il ne se souvenait jamais des livres qu’il lisait. Il lisait inlassablement les mêmes livres, mais ceux-ci lui faisaient vivre de nouvelles aventures à chaque fois.

Après quelques minutes de confessions de la reine, Din releva la tête. La jeune fille se tenait toujours debout à observer silencieusement les alentours. Son comportement rendait Din Quichötta vraiment curieux et celui-ci ne put s’empêcher de lui dire : « Mademoiselle, excusez-moi de vous importuner encore une fois, mais votre attitude m’intrigue. Cherchez-vous quelque chose? Vous savez, j’ai beaucoup voyagé et je connais bien des maux. Dites-moi donc ce qui vous tracasse! »

Malheureusement pour Din, les gens hésitaient souvent à se confier à lui, peut-être en raison de son aura déglinguée.

Elo ne se retourna même pas pour répondre à l'homme. Elle se mordit la lèvre inférieur en un signe de mécontentement : qu'est-ce qu'elle détestait ce genre de situation !

¤Mais qu'est-ce qui ne va pas dans cette fontaine ! Et puis...pas la peine de m'en soucier...je me cause du tracas pour un rien en ce moment ...¤

- Vous ne trouvez pas que quelque chose cloche ? Cette fontaine me parrait étrange, quelque chose ne va pas bien dans le contexte mais je ne trouve pas quoi.

Sa vois était restée calme et même mélodieuse.

La jeune fille ne connaissait pas encore bien Din Quíchötta de la Míncí et cela paraissait très bien dans l’attitude qu’elle prenait. En effet, jamais au grand jamais il ne fallait laisser entendre à Din qu’un danger pouvait peut-être se présenter. Celui-ci était paranoïaque et avait des réactions plutôt… exagérées. Ainsi, lorsqu’Elodorwin dit à Din Quíchötta que quelque chose clochait dans la fontaine, il crut immédiatement à une attaque de l’au-delà. Il sursauta donc et s’empressa de se relever. Il s’approcha de la jeune fille et sortit son épée.

Il dit ensuite d’un ton qui se voulait effrayant : « Peu importe le mal qui rôde ici mademoiselle, vous n’avez rien à craindre! Je suis là pour vous protéger quoiqu’il arrive. Je ne suis pas tombé de la dernière pluie et j’ai déjà vu et pris part à de nombreuses batailles. La force maléfique qui tente de nous enjôler n’a qu’à bien se tenir! »

Rossini qui se promenait tranquillement vit que son maitre avait encore un accès de folie. Il secoua la tête en signe d’indifférence et partit un peu plus loin, au cas où cela dégénérerait.

Din Quíchötta était un personnage bien spécial. Complètement incapable de penser que le surnaturel puisse avoir de bons côtés. Il s’approcha timidement de la fontaine et l’observa d’un œil minutieux, l’épée tendue en avant, au cas où. Le lion qui se tenait au centre de celle-ci semblait presque vivant. On aurait réellement dit qu’il semblait prêt à bondir vers un agresseur ou une proie imaginaire. L’eau argentée qui tourbillonnait tout autour rendait la bête encore plus menaçante.

Elo se retourna vers Din, le regard sévère. Elle croisa ses bras, ses yeux aurait pu glacer du magma en fusion.

- Je suis capable de me défendre seule ! N'avez-vous pas vu l'arme que je porte. Et je pense être beaucoup plus apte à me défendre que vous ! De plus, il n'y a certainement aucun danger où j'aurais déjà l'épée en mains. Alors arrêtez cette pose ridicule et ranger votre arme.

Elo se sentait comme blessée dans son fort intérieur. Comment pouvait-on la croire en sucre. C'était le genre de chose qu'elle ne pouvait suppporter. Elle n'avait pas crier, mais c'était tout comme. Son visage avait gardé son air serein et froid. Elle se retourna vers le fontaine au lion. Elle appuya soudain sur les yeux de l'animal. La fontaine se mit soudain a trembler en un bruit d'avalanche.

Une fois de plus, Din Quíchötta de la Míncí s’était encore mis les pieds dans les plats en voulant simplement protéger une jeune femme en détresse. En effet, la nouvelle venue ne semblait pas du tout heureuse de l’incroyable acte d’héroïsme que Din avait cru démontré. Pourquoi fallait-il toujours que les choses tournent mal? Le pauvre cavalier n’avait décidément pas beaucoup de chance!

Il rangea son épée dans son étui lorsqu’il réalisa que durant toute la durée de la petite remontrance qu’Elodorwin lui avait accordée il l’avait gardée bien droite devant son assaillant imaginaire. Puis, il bredouilla quelques excuses maladroites : « Veuillez m’excuser mademoiselle, je ne voulais pas dire que vous êtes incapable de vous défendre! Hum hum je… »

Mais il ne put terminer sa phrase car il fut interrompu par un bruit incroyable semblable à des tonnes de neige qui débouleraient une montagne. Din se mit à lancer des regards frénétiques un peu partout, cherchant d’où tout ce vacarme pouvait bien venir. Puis, il remarqua soudain que cela venait du gros lion qui l’effrayait tant.

« Hum mademoiselle! Que se passe-t-il?? Par tous les dieux! C’est la fin du monde! L’apocalypse! »

Il tremblait littéralement de peur.

Elo inclina brusquement la tête en signe qu'elle acceptait les excuses. L'eau ne coula plus de la fontaine. Puis elle s'enfonça dans le sol pour découvrir un passage s'enfonçant dans le sol.
Elle tira sa lame de son foureau puis entra dans le couloir sombre. Elle seretourna et s'adressa à Din :

- Vous venez avec moi ou vous avez trop la frousse ?

Puis elle se détourna pour s'enfoncer dans le couloir de pierres brutes.

Din n’avait pas la frousse. Non non non. Il était… complètement terrifié! Il tremblait de toutes parts et ne savait plus quoi faire. Sa tête lui hurlait de s’enfuir à toute jambe pour sauver sa vie, mais son orgueil de chevalier le suppliait de suivre la jeune aventurière bien téméraire. De son côté, Rossini observait la scène avec son sang-froid habituel. L’étrange tournure des événements avait tout de même provoqué un froncement de sourcil chez lui, mais excepté ce détail négligeable, il se préoccupait plus de son prochain goûter que des événements se déroulant sous son nez. L’orgueil n’était pas un sentiment ressenti chez lui.

Din devait donc prendre une décision et vite. « ¡Ir o no ir, allí es la pregunta!, murmura-t-il pour lui-même.» Malheureusement pour ses chances de survie, l’instinct d’aventure emporta avec lui la raison et Din trottina rapidement vers Elodrowin qui était maintenant loin dans l’affreux tunnel sombre et inquiétant qui semblait mené vers nul part... Din regrettait maintenant sa décision mais il ne pouvait plus reculer.

« Attendez-moi! Vous pensez que moi, Din Quíchötta de la Míncí, j’ai la frousse? Voyons donc mademoiselle, un peu de respect je vous prie! Vous allez avoir besoin de savant penseur comme moi! »