Repos et tranquilité (privé)

Alizée se promenait paisiblement, prenant congé de l'école quelque temps. Elle se rendit rapidement à la rivière d'Imigèle, car elle adorait cet endroit tranquille et envoùtant par le bruit de l'eau qui y coule sans cesse.

Elle se posa sur un branche qui descendait jusque dans l'eau et s'y assit. Elle réfléchit à sa situation à l'académie. Elle était heureuse, elle faisait ce qu'elle aimait vraiment tout en socialisant avec d'autres races, ce qu'elle n'aurait jamais fait si elle était restée dans son insignifiante tribu, située dans la bulle, loin de la cité: la forêt d'Alodène.

Elle aimait beaucoup enseigner et ses élèves étaient absolument charmants. La plupart d'entre eux avaient son âge, et même plus, provoquant ainsi une étrange relation élève-professeur qui était plutôt absurde, puisque chez elle, les professeurs étaient tous plus âgés.

Elle laissa ses pieds tremper un moment dans l'eau glaciale avant de les
retirer rapidement. Elle les prit entre ses mains et contempla une fois de plus le merveilleux paysage qui s'offrait à elle.

Sans s'en rendre compte, elle fredonnait une mélodie elfique que plusieurs connaissaient. Elle était complètement absorbée dans ses pensées, déconnectée du monde extérieur.

Vivien, tout comme Alizée, se promenait tranquillement. Lui n'avait pas d'ailes, il se déplaçait donc sur le dos de Salvianne, sa crécerelle. Il entendit la mélodie elfique et la reconnut tout de suite. Sa grand-mère la chantait souvent lorsqu'elle le bordait, le soir.
Il se posa donc sur un arbre près de la fée, un peu plus haut dans les branches. Il s'assit et la regarda un long moment avant de descendre à sa hauteur. Il glissa sur les grandes feuilles et se retrouva sur la même qu'elle.

Bonjour professeur, dit-il doucement pour ne pas la faire sursauter. Elle semblait perdue dans ses pensées.

Il la vouvoyait et l'appelait Mademoiselle des Vents ou professeur, même s'il savait pertinemment qu'il était bien plus âgé qu'elle. Étant un elfe et elle une fée, il avait environ 140 ans de plus qu'elle, mais c'était plutôt bien camouflé sous son air de garçon innocent de 16 ans.
Il s'assit à côté d'elle à une distance respectueuse malgré son désir d'en faire autrement et attendit qu'elle le chasse ou bien l'accueille.

Malgré toute la douceur que Vivien avait mise en place, elle avait tout de même sursauté. Ces temps-ci, elle semblait vraiment nerveuse, elle ne savait pas trop pourquoi, et un rien la faisait sauter au plafond.

-Bonjour Vivien, répondit-elle après s'être ressaisie, lui adressant un magnifique sourire. Je vous en prie, cessez de m'appeler ainsi! Je ne dois pas être bien plus vieille que vous...

Elle se trompait, évidemment, mais elle oubliait toujours que les elfes vivaient considérablement longtemps. Les fées lilliputiennes ne vivaient que 150 ans, tout au plus, ce qui était tout de même plus qu'un humain moyen.
Elle le dévisagea un instant, appréciant la finesse de ses traits et humant l'air, se délectant de sa délicieuse odeur. Le temps paraissait se pâmer lui aussi, tout était si calme et si lent autour d'eux.

Soudain, une mouche aussi grosse que sa tête décida de lui foncer dedans, apparemment sans raison. Elle poussa un court cri et se débattit, mais la mouche, curieusement, s'entêtait. Elle tomba de la feuille et avec un à peine plausible plouf*, elle se retrouva entraînée par le courant de la rivière.

*Elle fut bien indignée par le ridicule de la situation. Son esprit courroucé semblait dire: "Noyez-moi, certes, mais avec un peu plus de classe, devant lui!" C'était parfois une bien étrange petite fée...

[Tss, tsss! Je n'avais jamais remarqué ces écouteurs sur ton avy...tout à fait myen-âge, oui, tout à fait! message subtil!]